Débat public

Les 20 ans d’Actes If

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Actes if fête cette année ses 20 ans ! A cette occasion, nous vous invitons pour un temps de débat et de fête le 12 décembre de 17h à 00h au Générateur.

www.actesif.com

Le Bilbo, Les Blues Heures, Le Cadran, Glaz’art, Omnibus, Le Rack’am, Le Radazik. En 1996, ces 6 lieux dédiés aux musiques actuelles, aidés comme Cafés-musiques par la DRAC Île-de-France, fondaient le réseau Actes if.
20 ans plus tard celui-ci est toujours là, réunissant 31 structures, dont aucune n’a participé à sa constitution.
Les lieux d’aujourd’hui ont adhéré au fur et à mesure des années, d’autres l’ont quitté, soit qu’ils ne se retrouvaient plus dans les objectifs communs, soit qu’ils aient disparu, emportés par les difficultés financières, l’épuisement des équipes, la versatilité des financements publics…

Sans nostalgie, l’anniversaire d’Actes if se fêtera sous le signe de la persistance et du mouvement !

Les Cafés-musiques entraient dans un dispositif du Ministère de la Culture, mis en place en 1991, notamment après quelques échauffourées dans les quartiers « défavorisés » et emblématiques de Vaulx-en-Velin et Mantes-la-Jolie. En 1995, l’Etat soutenait financièrement 65 cafés-musiques, explicitement pour leur rôle artistique et social, et au titre de leur fonctionnement ! Dans ce contexte, les 6 lieux d’Ile-de-France qui se réunissaient dans le réseau Actes if, avaient pour projet d’une part de mutualiser moyens et expériences, d’autre part de faire valoir leurs objectifs communs : soutenir la jeune création (« émergente » dira-t-on 15 ans plus tard), ouvrir toujours plus les lieux aux habitants, ce qui se formulait encore « élargir et éduquer les publics ».

Les 20 ans d’Actes if pour dire l’art comme possibilité de l’invention et de la relation !

Au tournant des années 2000, le « rapport Lextrait » démontrait la diversité et la vitalité des lieux culturels surgis à l’initiative de la société civile, la fertilité des friches où les artistes réveillaient les fantômes et ouvraient les portes aux voisins. Actes If, réseau déjà solide, participait, en tant que tel et à travers ses membres, à la définition et à la promotion des « lieux intermédiaires ». Mais dès 2002 était abandonnée la très éphémère politique en direction des Nouveaux territoires de l’Art, alors qu’en 2003 le régime des intermittents du spectacle était gravement remis en cause, et qu’à la révolte des « banlieues » de 2005, bien plus significative que les événements de 1991, aucune dimension culturelle n’était officiellement reconnue.

Les 20 ans d’Actes if pour défendre la culture comme possibilité du commun et du politique !

En 2005, Actes if compte alors 18 membres couvrant tout le spectre du champ artistique en Ile-de-France : des lieux « nouveaux » qui cherchent un modèle économique et politique mixte où la subvention viendrait soutenir l’invention et non prescrire l’action, où le bénéfice viendrait renforcer l’indépendance. Ainsi surviennent bientôt les notions « d’économie solidaire », de « tiers secteur », l’adhésion à l’UFISC, l’emménagement à la Maison des Réseaux… Actes if développe les mutualisations et la coopération en interne, prend des positions sur les questions de politiques publiques régionales et nationales.

Avec les 20 ans d’Actes if, nous fêterons, avec tous ceux qui en savent la nécessité, la possibilité d’un art et d’une culture émancipés des lois du marché et de la tutelle des administrations !

En 2010, les membres du réseau décident de s’investir dans la définition des Fabriques de Culture promise par la majorité régionale. Deux ans de discussions, de débats publics, de confrontations et de co-construction, mènent à la mise en place d’un dispositif régional de soutien au fonctionnement des fabriques, largement inspiré des propositions d’Actes if. Dans le même cycle s’inscrit l’organisation du Forum National des Lieux Intermédiaires et Indépendants en 2014, qui aboutit à la création de la Coordination Nationale des Lieux Intermédiaires et Indépendants, réunissant plus de 10 réseaux et syndicats du secteur artistique. Et dès 2016, le budget du Ministère de la Culture comporte pour la première fois une ligne destinée aux lieux intermédiaires.

Nous fêterons donc les 20 ans d’Actes if avec le souvenir des chemins parcourus, et l’énergie des défricheurs, mais nous ne baisserons pas la garde car…

Si le dispositif Fabriques de Culture de la Région Ile-de-France comportait des dispositions décevantes, il posait un principe : financer le fonctionnement de lieux intermédiaires ayant fait la preuve de leur légitimité sur les territoires les plus divers… Et pourtant il semble déjà remis aujourd’hui en question au profit d’une politique concentrée sur les héritiers les plus institutionnels du système culturel français.
Le dispositif Ateliers de Fabrique Artistique du Ministère de la Culture annonçait un soutien aux lieux intermédiaires, qui se confrontent à la désagrégation sociale du pays et essaient d’en écouter la jeunesse… Mais déjà l’attribution des financements semble reposer bien plus sur les vieux et rassurants critères de disciplines et de reconnaissances académiques, que sur le dynamisme et l’inventivité d’équipes en devenir.
Et partout des lieux, du Réseau Actes if et d’ailleurs, ferment, alors que surgissent encore des projets toujours plus pharaoniques et dispendieux, des « cités » bien loin des cités et des usages quotidiens de l’art et de la culture.

Nous fêterons donc le 12 décembre 2016, 20 ans d’un combat, au moins centenaire, toujours à mener !

Nous viderons ensemble les verres à moitié plein des demi-victoires, et remplirons ensemble les verres à moitié vides des demi-défaites, et prendrons joie et courage pour les batailles à venir…

Nous trinquerons, indisciplinés, rescapés et déterminés, à la persistance et au mouvement : à la vie !