Pour clore sa résidence d’écrivain Le rêve d’une vie est une autre vie au Générateur, François Durif troque le costume sombre du croquemort contre celui, plus léger, du plâtrier-peintre.
Il se donne deux semaines pour repeindre les murs du Générateur. L’occasion de « prendre soin » du lieu qui l’accueille et de revenir à la réalité matérielle de l’artiste. Il rejoue ici un geste qu’il avait mis en œuvre à Immanence en 2002, pour sa première exposition personnelle à Paris. Cette action prend bien sûr une autre ampleur dans le contexte du moment.
Vendredi 26 janvier, à 20h, Le Générateur, flambant neuf, rouvre ses portes à l’occasion de la conférence-performance de François Durif, en connivence avec le musicien et compositeur Jean-Luc Guionnet. Pour leur première collaboration, le parti-pris est d’envisager ce moment comme un montage en direct qui oscille entre la parole improvisée de François Durif et les éléments sonores que Jean-Luc Guionnet émettra à sa guise. Il reviendra à chacun de se glisser « entre les confins, les non-confins et les confinés ». Aucune raison de faire le malin, plutôt l’envie de donner le meilleur.
Chaque semaine, il publie des pages de son journal dans la revue en ligne remue.net – partenaire du Conseil Régional d’Île-de-France dans son programme de résidences d’écrivains.
Habillage de la façade du Générateur par François Durif © Lea Dasenka
PROJET DE RÉSIDENCE
Au seuil de cette résidence, je me présente à vous « comme si j’étais écrivain » et nous verrons bien si, dans dix mois, je m’autorise à me dire écrivain. C’est ce jeu avec soi-même et son vis-à-vis que je voudrais approcher dans mon récit : les différents habits et livrées endossés durant une vie ; la posture de l’artiste et la part d’imposture qu’elle suppose. Finalement, ils ne sont pas si nombreux les moments où ce que je fais coïncide avec ce que je suis. Aussi avons-nous besoin parfois de passer par une fiction pour agir là où nous sommes.
En connivence avec l’équipe du Générateur, François Durif a décidé d’intituler sa résidence d’écrivain : Le rêve d’une vie est une autre vie. À partir de son expérience professionnelle dans les pompes funèbres, il souhaite questionner les liens entre l’œuvre et l’espace de la mort, et plus généralement, la place que nous accordons à nos morts dans nos vies respectives.
Sa résidence a été ponctuée de nombreux rendez-vous : conversations autour des thématiques qui traversent son récit, promenades dans des cimetières parisiens intra et extra-muros, ateliers dans des écoles aux métiers du funéraire et deux conférences-performances au Générateur (le 26 février 2020 et le 26 juin 2020, avec le plasticien et compositeur de musique improvisée Jean-Luc Guionnet).
Parallèlement à sa résidence au Générateur, il a poursuivi des ateliers d’écriture et de pratiques artistiques dans certains services des hôpitaux parisiens Lariboisière, Saint-Louis et Fernand Widal, en poursuivant son questionnement sur l’usage de la conjonction « comme si » dans nos conversations quotidiennes et ce que cela dit de notre rapport au réel. Ces ateliers s’inscrivent dans le cadre du label « Culture à l’hôpital 2019 ».